Article paru dans le Salon Littéraire  :  "Apparentements des sœurs Pélisson"
 
Les sœurs Pélisson proposent un jeu : l’une pense qu’elle a la pouvoir de séduire l’autre et vice versa. Dès lors surgissent des assemblages qui sont des métamorphoses entre victoire et reddition feinte. L’espace investi change de nature : on pourrait le penser vulgaire : il devient idéal. Le désir cesse d’être un instrument de pouvoir. Le corps s’offre sans calcul ou vêtement. Il est - quoique imbriqué dans des « cages » - libre. Tout bascule : les corps bien sûr mais surtout les idées, les regards, la révolte comme l’autorité. Le nu ni marmoréen, ni érotique crée un saisissement qui se creuse. Les gestes se répandent à travers l’espace de la vue et touchent ce qui reste normalement hors de sa portée. Une intimité particulière avance selon un rapport aérien. Surgit l’afflux voire l’excès d’un rapport qui porte à son comble ce qui jusque là n’avait qu’une expression imparfaite.
 
Une telle proposition reste des plus ambitieuses. D’autant que Brigitte et Michelle Pélisson savent que la volonté de transparence reste toujours le produit d'une culture. Elle est  chargée d'une volonté de puissance politique, religieuse, idéologique "garante" des  sociétés humaines. Face à cette ambition de tyrannie les deux sœurs inscrivent leur légitimité par effets de surface comme de profondeur, d’ouverture comme de fermeture. Elles revendiquent une satisfaction pulsionnelle d’un nouveau « genre » (mot dangereux aujourd’hui…). Il met en exergue le gain d’une "dépense" particulière. « Coté sœurs » devient le seul moyen de faire glisser de l'ombre à la lumière en des assemblages protéiformes. Les corps sont triturés, les formes manipulées, les techniques et propositions d’usage détournées. Corps, intimité, genre s’y trouvent reconsidérés par un travail de dérision. Il garde toutefois et surtout une fonction de rituel iconoclaste.
 
Jean-Paul Gavard-Perret
Critique et Maître de Conférence en communication à l'Université de Savoie
 
Article paru dans le Midi Libre du 23 avril 2015 : " Un voyage dans l'imaginaire des sœurs Pélisson" (extrait)

Deux soeurs - tour à tour rangées dans des étagères, suspendues aux branches telles des pipistrelles, ou franchissant d'un bond une porte en plein ciel - vous invitent par leur singulière mise à nu à pénétrer le monde de leur imaginaire.
L'intensité du regard qu'elles portent l'une sur l'autre interpelle fortement le visiteur.
Amplifiées par le choix des textes projetés sur les murs  et par l'écoute de deux récits de leur enfance, les images proposées dans leurs installations réveillent des émotions, des souvenirs, souvent enfouis....

Article paru dans Librinfo  :   "Des photos de peintre… " 
 
Vous serez projetés, comme happés par les tableaux de la photographe Brigitte Pélisson, chemin horizontal, explosant de lumière et de couleur à chaque étape de cette Route 6.

Suivant pas à pas les deux réalisateurs Patrick Avrillon et Pierre Davidovici, auteurs du documentaire Route 6, la photographe pris le chemin de cette belle aventure, depuis sa naissance en Maurienne pour « atterrir » en douceur au point central des routes de France, place Notre Dame à Paris.
Une aventure semée de paysages furtifs, de rues passantes, de drames, d’émotions, de couleurs et de formes entrevues au travers de la vitre d’une voiture, comme autant de « bougés ». 

Une écriture photographique qui repense le rapport entre le temps et l’espace.

Gérard Fumex
Journaliste

Autre Point de vue  :   "De Edward Hopper à Jack Kérouac"

Délaissant l’hyperréalisme ou l’expressionnisme pictural comme dans les œuvres d’Edward Hopper (voir son tableau Route 6) Brigitte Pélisson a choisi, par une forme de photographie séquentielle, une mise en tension des espaces qui, se déplaçant sans cesse, interagissent selon la vitesse et la longueur du voyage.

Par le rythme de ces montages “ciné - photographiques“, le temps et l’espace se télescopent et l’on ne peut qu’à peine appréhender les instants saisis par le regard. C’est une cadence mouvante qui passe de la rêverie vague à la frénésie, comme celle qui marque et scande l’écriture de grands romans américains. Sur la route, par exemple, le roman de Jack Kérouac à l’origine d’un des genres les plus contemporains du cinéma : le road movie.

Pierre Davidovici
Réalisateur du documentaire Route 6